Le coude est souvent défini comme une "articulation intermédiaire"
Si cette expression reflète le lien anatomique entre l’épaule et la main, elle s’applique également au traitement chirurgical du coude.
La reconnaissance tridimensionnelle de l’anatomie est probablement plus importante que pour d’autres articulations en raison de la quantité de nerfs et vaisseaux sanguins à proximité immédiate de l’articulation, dans une zone très restreinte qui englobe en fait trois articulations en une : entre l’humérus (os du bras), le radius et le cubitus (os de l’avant-bras). Ces trois os permettent des mouvements selon différents axes : flexion et extension, ainsi que supination et pronation (mouvements de « torsion » de l’avant-bras).

Le biceps est un muscle qui permet la flexion du coude et le mouvement de supination (utilisé pour tourner une clé dans une serrure par exemple).
Une rupture de ce tendon peut apparaître lors d’une flexion du coude contre une résistance trop importante (flexion excentrique). Cette lésion peut être partielle ou complète. Elle touche majoritairement des hommes dans la quarantaine.
Cliniquement, lors de ce mouvement contre résistance, un claquement peut être ressenti, associé à une vive douleur au niveau du biceps. Visuellement, le muscle du biceps se rétracte et une asymétrie est visible par rapport à la forme du biceps de l’autre bras (appelé signe de Popeye). Un hématome peut également apparaitre.
Une rupture complète du biceps distal engendre une perte de force en supination de 40-50% et une perte de force en flexion de 30%.
Le diagnostic est principalement clinique. Un IRM est également prescrit afin d’évaluer le % de rupture du tendon (lors de lésion partielle), d’évaluer la qualité tendineuse et de documenter le degré de rétraction. Cet IRM, afin d’optimiser l’analyse du tendon du biceps, doit être fait dans une position spécifique du coude (en flexion et supination).
Le traitement dépend de l’âge du patient et de sa demande fonctionnelle. Les lésions partielles sont le plus souvent traitées conservativement. Lors de rupture complète chez un patient jeune, une prise en charge chirurgicale est nécessaire, de préférence dans les 2-3 semaines du traumatisme. En effet, plus le délai entre le traumatisme et la chirurgie est élevé, plus le tendon sera rétracté. Ce qui prolongera le temps de récupération et diminue le potentiel de guérison. En postopératoire, lors de rupture avec tendon très rétracté, il est possible de garder une raideur résiduelle avec un léger déficit d’extension du coude.
Le triceps est le muscle de la partie postérieure du bras et permet extension du coude. Lors d’une chute ou lors de microtraumatismes répétés, ce tendon peut être lésé.
Lors de lésion partielle, surtout si cette lésion est de petite taille (<50%), un traitement conservateur peut être instauré.
Lors de lésion complète, une prise en charge chirurgicale doit être discutée afin de récupérer la fonction et la force du bras en extension. En postopératoire, le bras est immobilisé dans une attelle articulée durant 6 semaines afin de récupérer progressivement la fonction du coude tout en favorisant la cicatrisation tendineuse.
Il s’agit de la fracture la plus fréquente au niveau du coude. Elle survient en général lors d’une chute sur la main, bras tendu.
Cette fracture, lorsqu’elle est peut déplacée, ne nécessite qu’une très courte période d’immobilisation. Afin d’éviter une raideur à long terme de l’articulation, la mobilisation du coude (par le patient et en physiothérapie) est débutée très rapidement après le traumatisme. Un traitement conservateur est possible dans la majorité des cas.
Lorsque la fracture présente un déplacement significatif, une chirurgie est indiquée. Le type de chirurgie dépendra de la sévérité de la fracture et d’éventuelles lésions associées (30% des cas).
A noter que quelque soit le type de traitement instauré, il existe un risque d’arthrose à long terme.
Ce type de fracture est moins fréquente que les fractures de la tête radiale mais plus invalidante et nécessite le plus souvent une prise en charge chirurgicale.
Elle survient généralement lors d’une chute sur le coude en flexion. Le patient ressent une vive douleur et une difficulté à effectuer une extension du coude. Cliniquement, la pointe du coude est déplacée vers le haut
(car tirée par le muscle triceps) et l’extension active est limitée voir impossible.
Différents types d’ostéosynthèse existe selon le type de fracture (nombre et taille des fragments). En postopératoire, le coude est immobilisé dans un plâtre avec mobilisation progressive. Une ablation du matériel d’ostéosynthèse est envisageable après 1 an postopératoire, si le patient est gêné (car le matériel se trouve juste sous la peau dans cette zone anatomique et peut causer une irritation ou un inconfort).
Chez les patients de ≥ 75 ans, des études cliniques ont montré qu’une chirurgie (ostéosynthèse) présentait de mauvais résultats (déplacement secondaire du matériel d’ostéosynthèse dû à la qualité osseuse amoindrie, non consolidation, souffrance cutanée lié à la présence de matériel d’ostéosynthèse dans une zone où la peau est plus fragile, infection). C’est pourquoi, au-delà d’un certain âge, un traitement conservateur par plâtre peut être instauré.
Ce type de fracture est associé à un risque d’arthrose à long terme.